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Mission éco-volontaire en Indonésie - rapport de mission

Voici mon rapport de mission, envoyé à l'ONG avec laquelle je suis partie : Naturevolution (www.naturevolution.org), dans son intégralité :


De retour depuis un peu plus de 24 heures, voici mon bilan de mission, après ces 4 semaines passées dans le Nord Konawe.

Je crois que la première, et peut-être unique chose à en dire, c'est que ma seule envie depuis la minute même de mon départ de Kendari, c'est d'y retourner.

J'ai vécu une expérience incroyable, unique et incroyablement forte, pertinente aussi, car je n'en reviens pas que le coeur remplit de souvenirs, j'en reviens aussi la tête remplie de projets et de volonté, assortis d'une détermination encore plus solide qu'avant.

La mission en tant que telle a été difficile, physiquement intense, fatiguante, et ho combien merveilleuse.

J'ai 40 ans (41 demain), j'ai vécu, j'ai voyagé, et cette aventure-ci, est la plus belle, et la plus forte que j'ai pu connaitre.

Vivre 4 semaines sous tente, au gré des pluies, des vents, ne jamais avoir un vêtement sec, dormir peu, souffrir plysiquement des efforts constants et soutenus, gérer les blessures qui ne guérissent jamais, servir de repas constant aux moustiques affamés, ne plus pouvoir regarder du riz à force d'en manger à chaque repas, se sentir épuisé, etc., sont les plus belles souffrances à vivre. Car le matin, vous vous réveillez au paradis, vous ouvrez votre tente et vous en prenez plein les yeux, au son des vagues, vous retrouvez VOTRE groupe qui s'éveille, VOTRE équipe, vous déjeunez, vous riez, vous vous apprêtez, avec une lumière du jour à couper le souffle, vous partez prêter main forte à cet environnement qui vous émerveille, un petit geste, que vous répétez, encore et encore, celui de ramasser une bouteille en plastique, un morceau de polystyrène, et vous regardez autour de vous, et vous voyez votre équipe faire le même geste, et ensemble vous avez nettoyé une plage, et vous rendez le paradisiaque à son seul propriétaire : cette nature époustouflante qui vous entoure, que vous, humain, vous avez salie, abimée, ternie; alors vous regardez et vous vous excusez. Une bouteille en plastique, un morceau de polystyrène, et vous nettoyez votre monde de votre propre gâchis. Ensuite vous allez observer et constater les états des récifs, et vous comprenez, encore, que l'humain n'a rien compris. Vous restez là, des minutes et des minutes, à sourire dans votre tuba, parce qu'un poisson perroquet vous a frôlé la jambe, à contempler le jaune étincellant d'un poisson papillon, à tenter de compter le nombre d'individus dans un banc de lutjans (et à vous demander si ce ne sont pas des gaterins, faudrait pas plomber le reef check), puis vous tombez sur du corail mort, explosé par une ancre, détruit, morne, triste, et vous savez, c'est vous qui avez fait ça, et vous demandez pardon encore, même si ça ne change rien, ce corail est mort, à cause de vous, et vous continuez, vous palmez, vous plongez, et à chaque remontée vous êtes incroyablement partagé, entre la peine et l'émerveillement.

Fin de journée, si vous avez de la chance, vous allez dans un village, et laissez place aux séances d'informations et de sensibilisations, et vous regardez les visages, les expressions, vous échangez un sourire avec votre voisin à la peau tanée par le soleil, à ce pêcheur qui vit dans une maison en tôle, à cette femme qui vous regarde avec curiosité, à cet enfant qui vous sourit avec malice, et vous comprenez aussi, que leurs richesses se trouvent dans leurs yeux, et qu'ensemble, on pourrait y arriver, on pourrait, oui on pourrait. Si nos richesses à tous, n'étaient que dans nos yeux, et si nos mains s'alliaient, oui, on pourrait. Vous comprenez alors, qu'on se regarde tous sans se voir, et que quand on brise cette prétendue barrière que nous nous inventons, nous ne sommes, chacun, que des humains, capables du pire, capables du meilleur, et qu'il suffit de choisir.

Alors vous rentrez sur le camp, vous mangez du riz (encore), vous partagez des moments avec votre équipe, votre groupe, et vous voyez aussi que ces liens deviennent plus forts chaque jour, puis vous rejoignez votre tente, avec toutes les choses que vous avez vues aujourd'hui, avec vos yeux, et avec votre coeur, et vous continuez à sourire, parce que demain vous verrez un autre poisson perroquet, bleu électrique celui là, et vous débarrasserez votre planète de quelques grammes de plastique en plus, vous savez que c'est peu, que c'est infiniment petit par rapport à l'ampleur de la tâche, mais vous savez aussi que ça compte, parce que chaque déchet ramassé est un petit mot d'excuse que vous donnez à cette planète que vous aimez tant.

Et puis il y a les treks ! Les treks! Comment vais je pouvoir vivre sans? Crapahuter dans la jungle, escalader les roches, se balafrer les jambes, penser que si on continue à monter, encore, on va finir par faire une crise cardiaque, et continuer à monter quand même, se dire que plus on descend, puis il faudra remonter après, et sourire alors que chacun de vos muscles est au bord du suicide, avoir la sensation que votre corps est à 52 degrés (au moins), que vous avez sué plus d'eau qu'un corps ne peut en contenir, voir de la fumée s'échapper de votre tshirt, et rire parce que vous vous faites dévorer par des fourmis canibales, voilà des moments absolument géniaux ! Cet instant où j'ai réalisé, que j'étais toute habillée, avec palmes-masque-tuba, dans un lac plein de méduses, sous la pluie, me tenant comme à une bouée à mon sac à dos contenant mes baskets pleines de boue, avec mon attelle dans un sac étanche, à 200m d'altitude dans une forêt primaire en Indonésié, j'ai su. J'ai su que je ne voulais être à aucun autre endroit, et à aucun autre moment, que cet instant et ce lieu, j'y étais chez moi, entière, vivante, exaltée. Et j'ai juste ri. Et ce rire était magique, au milieu de nulle part, au milieu de tout.

Je dois aussi parler de Philippe, Sergio, Habib, sans oublier Hansar et Herman. Quelle équipe ! Hansar et Herman sont pour moi les 2 meilleurs membres d'équipage que j'ai rencontré sur la mission, toujours souriants, efficaces, attentifs et aux petits soins. Habib, c'est une vraie rencontre, un homme de valeur, un homme bon, un homme bien. Un homme dévoué, déterminé à agir, et qui n'hésite pas à secouer sa communauté pour la faire réagir/agir. Il a pris soin du groupe, a été attentif à chacun, a passé tout son temps à nous parler, à nous écouter, à nous expliquer maintes et maintes choses sur son pays, ses coutumes, son environnement. Je ne le remercierai jamais assez pour le dévouement dont il fait preuve tant envers la planète qu'envers l'humain. Concernant le duo Philippe/Sergio, voilà une équipe qui fonctionne. Philippe, concentré, méthodique, efficace, complètement barré aussi, qui vous pousse en permanence vers la difficulté, et c'est un compliment, car sans lui trop de choses auraient été plus simples, et c'est dans la difficulté que nous allons au dela de nous même, donc un énorme merci à lui pour ça.  Je n'en aurais pas autant bavé sans toi, alors surtout ne change rien, c'est bien plus parfait quand c'est difficile. Et Sergio, un rayon de soleil, un paradis à lui tout seul, qui arrive tel un magicien a faire sourire ceux qui craquent, qui veille sur chaque membre du groupe, en permanence à l'affut de la moindre personne qui a dur, qui a besoin d'aide, ou juste besoin de parler, celui qui voit au delà de tout, avec recul, pertinence, intelligence, et pourtant, avec une immense simplicité, toujours disponible, toujours patient, toujours sur le qui-vive pour apporter son aide; il y a trop peu d'humains ayant une telle richesse de coeur sur notre planète... En réalité, Philippe et Sergio c'est toute une équipe à eux deux. Ils sont extrêmement complémentaires. Là où l'un n'est pas, l'autre prend le relais, parfois sans un mot, un regard leur suffit. C'est absolument fascinant de voir à quel point leurs qualités et leurs défauts s'imbriquent parfaitement, pour donner un tout hyper complet, efficace, pertinent. Moi qui gère de l'humain tous les jours depuis 20 ans, je sais à quel point obtenir une équipe aussi pointue, aussi efficace, qui arrive à tenir la cohésion d'un groupe dans des conditions de vie très particulières, sans confort, avec les sensibilités et complications que chaque membre y apporte, sans que personne ne s'en rende compte, c'est beau à regarder ! Je les ai vu de loin, parlementer, discuter, se remettre en question, réfléchir, argumenter, solutionner, tout en gardant le sourire, et sans jamais permettre à qui que ce soit de se rendre compte de la moindre difficulté; dans ma vie professionnelle j'ai beaucoup trop rarement pu assister à une telle complémentarité. Nous avons tous vécu une aventure incroyablement riche, et il est certain que le duo Philippe/Sergio y est pour beaucoup, et je pense pouvoir dire que chaque membre de mon groupe d'éco-volontaires vous dira la même chose, car nous en avons parlé plus d'une fois entre nous. Ils ne se mettront peut-être pas en avant sur ce point, mais moi je peux vous dire, en tant que participante et surtout en tant que manager, que cette équipe est la pièce maitresse de la réussite de cette mission.

Donc, voilà ! Tout un pavé pour vous dire à quel point je suis heureuse d'être venue, à quel point j'ai les yeux bien ouverts pour la suite, et à quel point je suis reconnaissante de ce que vous m'avez permis de vivre.

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